Relance sous une nouvelle construction
L’enseigne de chaussures Brantano fera partie d’une nouvelle société, dite Special Purpose Vehicle (SPV), dirigée par le Néerlandais Rens van de Schoor de R&S Retail Group, propriétaire de Miss Etam. Dieter Penninckx et le holding de la famille Torfs, eux aussi, soutiennent le SPV. L’objectif est de permettre une relance de Brantano, en tant qu’entité indépendante , bien qu’une collaboration plus étroite ou une intégration des activités retail ne soient pas exclues dans le futur.
FNG Group ne fera pas partie de la construction. « Le dossier arrive trop tôt pour l’entreprise », précise Dieter Penninckx. « Il y a un accord de principe concernant la combinaison avec Etam, sur lequel travaille la Banque Degroof en ce moment. D’ici peu nos actionnaires devront se prononcer à ce sujet. Les chaussures ne font pas partie de la zone de confort de FNG. Par ailleurs tout devait aller très vite. C’est pourquoi le board a décidé de ne pas saisir cette opportunité. Je le fais donc en mon propre nom. Si d’ici six à douze mois l’enfant paraît en bonne santé, toutes les options de combinaisons futures resteront ouvertes. »
Chez Torfs c’est le holding familial qui participe. « Entre Noël et Nouvel An nous avons réuni la famille. Le discours qui s’y est tenu, nous a paru très convaincant. Ce type de reprise ne correspond pas du tout à notre culture. Mais combien de fois a-t-on l’occasion de participer dans son plus grand collègue ? »
Trois paires de solides épaules
Il n’aura fallu que deux semaines aux trois parties concernées pour finaliser cette reprise surprenante. Preuve que la confiance mutuelle entre les trois partenaires est grande. Comme on le sait, Dieter Penninckx et Rens van de Schoor étaient déjà en négociation depuis un certain temps en vue d’un rapprochement entre FNG et R&S Retail, lorsque le rideau est tombé sur Macintosh Retail Group.
Van de Schoor, ancien banquier et architecte de la restructuration de Coltex Retail Group, a eu la possibilité de consulter le dossier et de faire une offre. Dieter Penninckx, qui siège au conseil d’administration de Schoenen Torfs en tant qu’administrateur indépendant, s’est montré intéressé, mais voulait qu’un expert en chaussures soit de la partie. « Sans Wouter, je ne l’aurais pas fait », affirme-t-il.
« Rens s’y connaît en restructuration, Dieter en fusions et en reprises et la famille Torfs en chaussures. Voilà donc trois solides compétences réunies », souligne Wouter Torfs. « Je pense que c’est une incroyable opportunité, dont nous pourrons beaucoup apprendre. Ce qui auparavant m’aurait paru infaisable, me donne vraiment envie aujourd’hui. C’est une aventure ! »
La distribution des rôles paraît claire : « Ensemble, nous allons écrire une belle histoire. »
« Rendre Brantano à nouveau viable »
Les trois partenaires estiment qu’il y a place pour différents concepts de chaussures en Belgique. « Brantano représente une belle opportunité, sachant qu’il n’a plus été investi dans les magasins depuis dix ans. Le comportement du consommateur change plus vite que jamais. Nous devons y répondre au travers d’un nouveau concept. Un programme d’investissement sera mis au point pour aider Brantano à remonter la pente. » Une chose est sûre Brantano ne sera pas une copie du concept de Schoenen Torfs, la chaîne gardera son identité. « Nous ferons en sorte que Brantano soit à nouveau viable. Cela reste un concurrent, mais nous voyons également des synergies », explique Wouter Torfs. « Dans le domaine des achats, par exemple. »
Schoenen Torfs réalise un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros avec 75 magasins en Flandre. Brantano génère 140 millions d’euros avec 130 magasins en Flandre, en Wallonie et au Luxembourg. Les deux réunis détiendraient donc une belle part de marché dans le secteur de la chaussure en Belgique.
Mais il y a également des possibilités de synergies avec les magasins de FNG et Miss Etam. Chacun des deux groupes compte plus de deux millions de clients-acheteurs par an, ce qui représente un énorme atout. Et pour le dire avec les mots de Rens van de Schoor : « La mode ne s’arrête pas au niveau des chevilles. » Miss Etam attire un public comparable à celui de Brantano. Il est donc possible d’ajouter des chaussures à l’assortiment de Miss Etam, et vice versa. Par ailleurs Miss Etam est très fort au niveau online (20 à 25% du chiffre d’affaires, soit un demi-million d’euros pour semaine). « On peut d’emblée y ajouter pour 100.000 euros de chaussures », conclut Rens van de Schoor avec grande confiance.