Incidences sur la mobilité et l’environnement insuffisamment examinées
Alors que le gouvernement flamand vient tout juste de donner son feu vert à , de gros nuages gris s’amoncellent à nouveau au-dessus de Neo, un projet rival qui dev(r)ait voir le jour une dizaine de kilomètres plus loin, sur le plateau du Heysel.
Le Conseil d’Etat émet de sérieuses réserves concernant l’étude des incidences sur l’environnement du projet Neo, rebaptisé ‘Europea’. Le projet comprend un centre commercial de 72.000 m² (le ‘Mall of Europe’ par Unibail-Rodamco), un centre de congrès international d’au moins 3.500 places, une salle de spectacle de 15.000 places et plusieurs centaines de logements.
« Ainsi, d’autres alternatives raisonnables pour le site du Heysel n’ont pas été examinées », précise le Conseil d’Etat dans un communiqué. « L’évolution des aspects environnementaux si le site du Heysel n’avait pas reçu une nouvelle affectation n’a pas non plus été vérifiée. La suppression de l’obligation prévue antérieurement d’introduire une demande de permis globale pour l’ensemble du site du Heysel ne semble pas non plus avoir fait l’objet d’une étude d’incidences sur l’environnement. » Par ailleurs les plans n’ont pas apporté de solutions à la problématique de la mobilité.
Bruxelles doit refaire ses devoirs
La semaine dernière encore Philippe Close (PS), échevin du Tourisme et des Finances de la Ville de Bruxelles et président de Brussels Expo, avait laissé entendre qu’il espérait pouvoir poser la première pierre du centre commercial début 2018. Une date qui semble à présent irréalisable, maintenant que la Région bruxelloise doit refaire ses devoirs, puisque le permis d’urbanisme ne peut pour l’instant être délivré suite à l’annulation.
Pourtant malgré ce contretemps, Close reste optimiste : « Début 2016 le ministre-président Vervoort (PS) présentera une proposition adaptée », affirme-t-il. « Il s’agit d’un problème de motivation, qui ne compromet pas notre projet. Plusieurs procédures d’appel étant encore en cours dans ce dossier, nous nous attendions à cela. »
Les petits commerçants satisfaits
L’organisation des entrepreneurs indépendants Unizo demande à la ville de Bruxelles et à la Région bruxelloise de prendre en compte l’avis du Conseil d’Etat et d’apporter les adaptations nécessaires au projet. « C’est une sérieuse erreur de penser que plus de 70.000 m² de commerces en périphérie vont renforcer la Région bruxelloise. La Région et la Ville feraient mieux d’investir dans les noyaux commerciaux existants », plaide Karel Van Eetvelt, directeur général de l’Unizo. L’organisation des indépendants fait référence en particulier à la zone piétonne au cœur de Bruxelles : « L’avenir du commerce bruxellois se situe plutôt là qu’autour de l’Atomium. »
Le Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI) se dit lui aussi satisfait de l’annulation partielle. « Alors que bon nombre d’autres pays et villes cherchent à se débarrasser de tels monstres commerciaux mégalomanes, à Bruxelles par contre trois projets de ce type sont en préparation : Neo, Docks et Uplace. Ces trois projets de centres commerciaux se situent tous à moins de 10 km l’un de l’autre », souligne la présidente du SNI, Christine Mattheeuws.
« C’est comme si le gouvernement bruxellois et flamand s’étaient mis d’accord pour asséner un sérieux coup au commerce de détail à Bruxelles et dans la périphérie flamande. » Selon une enquête du SNI, trois quarts des indépendants du Brabant flamand et de Bruxelles seraient opposés aux projets Uplace, Neo et Docks.