Susceptibilité d’A&F
« Il faut être beau pour travailler chez Abercrombie & Fitch. Si on ne l’est pas, on peut juste y acheter des vêtements », c’est ce qu’écrivait le journal De Standaard à la veille de l’ouverture officielle du flagship store à Bruxelles. En citant le Centre pour l’ égalité des chances et la lutte contre le racisme qui stipule que « l’âge et l’apparence physique sont des critères discriminatoires sur base desquels l’employeur ne peut refuser une personne », la journaliste en question s’est vu refuser l’accès à la revue de presse.
Ce qui a déclenché un véritable remue-ménage. Selon l’Union Flamande des Journalistes la chaîne de mode a « enfreint la liberté de la presse ». Marc Michils, CEO de l’agence publicitaire Saatchi & Saatchi, pour sa part qualifie la chaîne de mauviette: « Bien que les mannequins d’A&F soient costauds, la chaîne elle se comporte comme une bande de mollassons. En refusant un journaliste suite à un article trop critique, cette marque branchée me semble tout à coup fade et vieux-jeu. »
Une fois n’est pas coutume
A une époque où les médias sociaux sont omniprésents, l’interaction et le dialogue sont devenus une norme, il faut oser s’exprimer ouvertement. Par son attitude défensive A&F provoque une tempête dans un verre d’eau, car aussi sur Twitter l’incident est étalé à cœur joie.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la marque américaine se heurte aux médias. Au mois de mai de cette année un journaliste de Knack Weekend lui non plus n’était pas le bienvenu lors de l’ouverture d’Abercrombie & Fitch à Paris. « Le timing et l’approche de l’article ne cadrait pas dans l’offensive médiatique prévue par la marque à ce moment-là », écrit Knack.
Discrimination ou non ?
Le question essentielle reste donc toujours posée : Y a-t-il chez A&F discrimination ou non? « Pour le travail de mannequin la sélection sur base de caractéristiques physiques, comme la couleur de peau ou la beauté, n’est pas punissable », précise Stefan Scottiaux, professeur de droit à la KU Leuven.
Mais pour d’autres jobs, tels la vente en magasin, la législation européenne en matière de discrimination est de rigueur. Mais finalement c’est au juge de trancher. Ce qui rappelle un procès à Londres qu’A&F avait perdu face à une de ses vendeuses qui avait été reléguée au stock, lorsqu’il s’était avéré qu’elle portait une prothèse au bras.
Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme a déjà annoncé qu’il mènerait son enquête. Etant donné que la beauté peut difficilement être considérée comme un critère objectif, le centre fera un test auprès du personnel de magasin, afin de déterminer s’il y a discrimination sur base de l’âge. Si tous les membres du personnel par exemple ont moins de 25 ans, ceci pourrait être un argument pour entreprendre d’autres démarches à l’encontre de la chaîne.
Traduit par Marie-Noëlle Masure