Et durant cette carrière bien remplie,
il a même trouvé le temps d’aider une équipe de football à se hisser de
la deuxième à la première classe.
Aujourd’hui tout le monde vous connaît comme retailmanager, mais vos racines se trouvent dans les RH.
F.S.
: « En effet, avant mon arrivée chez Standaard Boekhandel, j’ai occupé
plusieurs fonctions dans le secteur du personnel. D’abord dans une
entreprise métallurgique, Van de Kerckhove à Roeselare, ensuite dans la
maison d’édition Roularta. Finalement en 1984 j’ai atterri chez
Standaard Boekhandel via un chasseur de tête.
Dans un premier temps j’y ai commencé en tant que gestionnaire de crise.
C’était une entreprise en faillite virtuelle. Nous avions à ce
moment-là 24 magasins, avec un chiffre d’affaires global de 17 millions
d’euros et une perte de 2,7 millions d’euros. Cette perte équivalait au
coût total du personnel.
Standaard
Boekhandel devait donc se développer le plus rapidement possible, en
maintenant des coûts fixes identiques, mais en réduisant les coûts
variables. Nous avons réussi à le faire, car aujourd’hui le chiffre d’affaires s’élève à 190 millions d’euros pour 140 magasins et nous réalisons un bénéfice de 14 millions d’euros. »
Standaard Boekhandel a-t-il atteint son plafond ?
F.S.
: « Chaque année nous ouvrons encore cinq à huit magasins
supplémentaires. Nous pouvons maintenir ce rythme de croissance. Ainsi
l’année dernière nous avons lancé des magasins périphériques, le long
des grands axes routiers. Ce nouveau format offre de nombreuses
possibilités de croissance. D’autre part chaque année nous transformons
trois à cinq magasins existants qui ont besoin d’être agrandis ou
rafraîchis.
En
ce moment nous avons déjà trois nouveaux magasins au programme pour
l’année prochaine. Et je crois en toute confiance que nous réussirons à
le faire également l’année d’après. En Flandre il y a une librairie pour
25.000 habitants, aux Pays-Bas il y en une pour 10.000 habitants. Le
point de saturation n’a donc pas encore été atteint.
Autre
forme d’expansion : notre webshop qui existe depuis le mois d’octobre.
Notre librairie online n’a démarré qu’il y a trois semaines et nous
obtenons déjà de très beaux résultats. Sans avoir fait de publicité,
nous avons déjà accueilli plus de 120.000 visiteurs uniques. »
Ne craignez-vous pas que le webshop menace vos librairies physiques?
F.S.
: « La vente online n’est pas une menace pour nous. Les livres sont le
genre d’articles que les clients aiment prendre en mains. C’est
d’ailleurs l’une des réactions les plus fréquentes sur le webshop : les
clients demandent de pouvoir tenir le livre en mains et de le feuilleter
avant de l’acheter.
C’est
pourquoi nous avons opté pour une approche multicanal : l’internet et
les magasins doivent former une unité. Nous stimulons notre personnel en
magasin à rechercher des livres sur le webshop et à renvoyer les
clients au site web.
L’avantage
de la librairie online est d’être ouverte 7 jours sur 7. Les clients
ont le choix de se faire livrer à domicile ou de venir chercher leur
commande en magasin. Il n’a donc pas été difficile de convaincre nos
nombreux franchisés : dès le départ nous leur avons expliqué qu’ils ne
devaient pas craindre une cannibalisation, car il n’y en a pas. Les
premiers résultats démontrent également que la vente en ligne est
purement additionnelle et n’a pas d’impact négatif sur les magasins ».
Toutefois la question de l’avenir des librairies physiques se pose.
F.S.
: « Les magasins physiques continueront d’exister. La vente online est
comparable à la vente par correspondance d’autrefois. Actuellement ce
segment a fortement diminué, mais par le passé
ces entreprises avaient une grande part de marché. Ces entreprises de
vente par correspondance autrefois se sont développées très rapidement –
tout comme le retail online – mais n’ont jamais dominé le marché. Selon
moi, il en ira de même pour les ventes en ligne.
Bien
entendu il y a également le marché des e-books qui va très certainement
encore évoluer. Aujourd’hui les e-books ont moins d’un demi pourcent du
marché, mais je suis persuadé que cela va évoluer. C’est pourquoi nous
avons un module pour e-books sur notre webshop. »
Quelles autres tendances retail entrevoyez-vous?
F.S.
: « Il y a un besoin très nette de proximité. Les consommateurs de plus
en plus optent pour des magasins se situant près de chez eux et près de
leur lieu de travail. Les magasins mastodontes diminuent et je suis
persuadé que cette tendance va se poursuivre à l’avenir.
Actuellement
nous avons également un problème incontestable. Nous vivons une époque
de grande incertitude, tant financière que politique. Les marchés sont
en baisse et il sera indispensable d’économiser. La question est de
savoir comment le consommateur y réagira, car le consommateur n’en est
pas encore pleinement conscient.
Aux Pays-Bas l’on applique déjà depuis quelques années de sérieuses
économies, en Belgique ce sera dur encore pendant quelques années. »
Même durant vos loisirs vous n’arrivez pas à lâcher le managing. Jusqu’à il y a peu pour Cercle Bruges, et maintenant pour Gezinsbond (association visant à défendre les intérêts des familles, ndlr)
F.S.
: « Mon travail c’est ma vie et mes hobbys sont Standaard Boekhandel et
l’équipe de football. Lorsque j’ai démarré au Cercle Bruges l’équipe
jouait encore en deuxième division, c’était donc vraiment un hobby.
C’est devenu un véritable job lorsque l’équipe est passée en première
classe.
Depuis
j’ai annoncé que j’arrêtais tant au Cercle que chez Standaard
Boekhandel. L’année prochaine pour Standaard Boekhandel je passerai le
flambeau à la nouvelle génération. Mon fils me succèdera.
Je
suis maintenant candidat-président du Gezinsbond. C’est quelque chose
que j’ai toujours voulu faire parce que cela me semble socialement très
important. J’ai la possibilité de mettre mon expérience au service de la
société. C’est une opportunité que je ne peux pas laisser passer. »
Pour terminer, pourquoi méritez-vous le Career Achievement Award?
F.S.
: « Chacun des nominés est une forte personnalité qui a réalisé quelque
chose d’exceptionnel. L’un est parti de zéro (Emiel Lathouwers, ndlr.),
l’autre a fait de quelque chose de petit, quelque chose de grand (Johan
Vandendriessche, ndlr.) et moi j’ai sauvé une entreprise en faillite.
Mais
si vous me demandez pourquoi Standaard Boekhandel mérite le prix,
j’aimerais dire que nous avons réalisé quelque chose d’unique : en tant
que libraire nous réalisons en Belgique le plus gros chiffre d’affaires
par habitant au monde ! Et tout ceci de manière rentable. »
Frans
Schotte mérite-t-il le Career Achievement award? Evaluez également les
deux autres candidats et émettez votre vote jeudi 1er décembre lors de la soirée RetailDetail Night.
Traduit par Marie-Noëlle Masure