Un pirate à l’horizon au dernier moment
En juillet dernier le management d’Aga Rangemaster avait approuvé l’offre de rachat de 129 millions de livres sterling (175 millions d’euros) formulée par l’américain Middleby. Ce dernier est un fabricant d’appareils pour cuisines industrielles, qui détient notamment la marque Viking, le pendant américain d’Aga en quelque sorte. Seuls les actionnaires devaient encore donner le feu vert : la réunion était prévue le 8 septembre prochain.
Mais voilà qu’au dernier moment le fabricant d’appareils électroniques américain Whirlpool vient se mêler à la lutte : Whirlpool souhaite consulter la comptabilité et émettre une offre. Une offre qui devra donc être supérieure à celle de Middleby de 1,85 livres sterling cash par action. Dans une réaction envers l’autorité de la concurrence britannique, Middleby s’étonne du timing de Whirlpool « si tard dans le processus de vente » et signale aux actionnaires que « Whirlpool n’a pas encore émis d’offre formelle. »
Cette information n’a pas manqué de booster le cours de la bourse : l’action d’Aga Rangemaster a atteint 2,08 livres sterling, soit un doublement en moins d’une demi-année.
Une institution britannique vieille de 93 ans en difficultés financières
Fondé il y a 93 ans, Aga est au monde de la cuisine ce que Rolls Royce est au secteur de l’automobile ou encore Burberry à l’univers de la mode : une marque britannique ultra-traditionnelle, vendant des produits hors de prix pour une clientèle huppée. Ces cuisinières en fonte, qui pèsent facilement 400 kg et coûtent jusqu’à 14.000 euros, ornent notamment les cuisines de Madonna, Kate Winslet, Cristiano Ronaldo, Jeremy Clarkson et le Prince Charles.
Malgré une forte croissance du bénéfice opérationnel de 17% à 2,8 millions de livres sterling (3,8 millions d’euros) durant le précédent semestre, Aga Rangemaster a essuyé une perte nette de 3,9 millions de livres sterling (5,3 millions euros). Une perte qui s’explique par les charges de pension colossales que le fabricant a accumulé dans le passé : selon le bilan celles-ci se chiffreraient à 47 millions de livres sterling (64 millions d’euros).