Un Belge sur quatre a déjà commandé des repas en ligne via Deliveroo, Uber Eats ou des plateformes similaires. Depuis COVID, les sociétés de livraison de repas ont eu 65% de clients en plus. Mais qu’en est-il des coursiers, qui travaillent dans des conditions controversées ?
19 000 coursiers en Belgique
« Le secteur de la livraison de repas n’a jamais eu autant de succès », conclut la fédération professionnelle belge Comeos dans un rapport sur le secteur de la livraison dans notre pays. Un quart des Belges a déjà commandé de la nourriture en ligne. C’est 65 % de plus qu’avant la pandémie et cela représente trois millions de Belges. Résultat : aujourd’hui, les gens peuvent déjà se faire livrer leurs repas à domicile dans 34 villes et municipalités, par les 19 000 coursiers travaillant dans le secteur.
Au total, quelque 3 000 restaurants sont affiliés aux plateformes de livraison. Comme les plateformes de livraison ne sont généralement pas disponibles dans les zones rurales, cela signifie une très forte concentration dans les villes. La majorité se trouve à Bruxelles (1 300 restaurants), suivie de 1 050 restaurants en Flandre. La Wallonie en compte 550, mais le service est disponible dans 14 villes. Toutefois, ces chiffres ne tiennent pas compte de ce que l’on appelle les « dark kitchens » ou « restaurants virtuels », qui ne sont pas de vrais restaurants mais prennent uniquement des commandes en ligne via les plateformes.
Indépendant ou pas ?
« Tout comme dans le secteur du commerce, nous voyons que l’avenir sera physique et digital. Les plateformes de repas sont également de plus en plus utilisées pour livrer des produits d’épicerie à domicile, pour le compte des supermarchés. C’est pourquoi il est important de fournir un bon cadre juridique à ce secteur », conclut Klaas Soens, Head People Team chez Comeos.
Le cadre juridique des coursiers, qui sont désormais pour la plupart enregistrés comme indépendants, est en effet une question délicate. Dans diverses affaires judiciaires, les juges ont déjà examiné la question de savoir s’il s’agit ou non d’un faux travail indépendant et, au niveau européen également, on travaille à l’obligation d’accorder à un plus grand nombre de travailleurs de plates-formes le statut d’employé.
9 sur 10 comme revenu supplémentaire
En tant que représentant du secteur, Comeos défend les plateformes et la façon dont elles traitent leurs coursiers. « Pour 9 coursiers sur 10, il s’agit d’un revenu supplémentaire qui constitue souvent une bonne étape vers le marché du travail. Pour seulement 4 % (700 coursiers), il s’agit d’un véritable emploi principal », peut-on lire. Un tiers a un autre emploi principal, 19 % est à la recherche d’emploi et 18 % est étudiant. Le fait que Deliveroo reçoive 3 500 candidatures par mois et ait 10 000 candidats sur sa liste d’attente doit prouver qu’il s’agit d’un emploi attrayant.
Néanmoins, moins de la moitié des coursiers sont satisfaits du soutien en cas de maladie et du fait que leur revenu varie chaque semaine. La fédération professionnelle se félicite donc que l’assurance accidents du travail soit désormais obligatoire et souhaite que les « coursiers de longue durée » puissent bénéficier d’avantages tels que l’assurance maladie, la formation et le congé parental – sans pour autant en faire des salariés. « Un cadre juridique spécifique est nécessaire. »